Exploitation minière : Sabcé s’empreigne du rapport 2016 de l’ITIE-BF en matière de transparence

Publié le mercredi 3 octobre 2018 à 23h53min

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Exploitation minière : Sabcé s’empreigne du rapport 2016 de l’ITIE-BF en matière de transparence

Ce 2 octobre 2018, la mission de dissémination du rapport 2016 de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE-BF) était dans la commune de Sabcé, province du Bam. Elle entend passer l’information sur la nécessité de la transparence dans l’exploitation minière dans cette commune qui abrite une importe mine, Bissa Gold.

“Si nous venons à vous, c’est pour que vous ouvrez l’œil pour savoir où va l’argent de l’or”, a expliqué Kimsegninga Savadogo, chargé de l’information et de la communication du secrétariat permanent de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE-BF). Le processus est le même partout. Apporter l’information aux populations des communes abritant les mines industrielles, leur donner des clés de compréhension. La base de discussion de la mission de dissémination de l’ITIE-BF, c’est le rapport 2016. C’est la version simplifiée dudit rapport qui est distribuée et expliquée aux populations de Sabcé, à travers le comité local ITIE.

Les membres de ce comité sont désormais au courant de la quantité d’or produite par le Burkina en 2016 (38,17 tonnes), de la quantité de zinc sortie des terres du pays (155 700 tonnes). De façon détaillée, « les exportations, les montants que les sociétés minières ont versé à l’Etat, ce que ce dernier a dit avoir reçu, ont été expliqués », témoigne le chargé de l’information et de la communication de l’ITIE-BF.

Les membres du comité local ont été instruits sur les montants que les mairies et régions ont reçus de l’Etat en 2016, au titre de l’exploitation minière. D’autres questions non moins importantes telles que le nombre d’employés des mines, les payements sociaux obligatoires et non obligatoires, les contributions des sociétés minières au fonds de réhabilitation et de fermeture, le montant des taxes perçues par Sabcé, ont été enseignées aux membres.

Cliquez ici pour lire aussi :Production minière au Burkina : 162 milliards de F CFA de recettes minières encaissées par l’État en 2016

des participants

Parce que 11 des 16 sociétés minières ont fourni les informations voulues par le consultant dans l’élaboration du rapport 2016, ce qui a eu pour conséquence de creuser un écart de 9,63% entre ce que l’Etat a déclaré avoir reçu et ce que les sociétés minières ont dit avoir versé, le consultant a recommandé la rédaction d’un calendrier pour les prochains rapports. Ledit calendrier devrait être communiqué aux services de l’Etat et aux sociétés minières au début de chaque année afin qu’ils prennent toutes les dispositions pour se soumettre aux demandes d’information.

“Il ne se passe pas un seul jour sans qu’on enregistre un conflit lié à l’exploitation de l’or. Cela est souvent la résultante d’un manque de communication, d’informations. La démarche de l’ITIE-BF est à louer. Les populations ne savent pas souvent ce que la mine apporte en terme de développement de la commune“, a expliqué le préfet de la commune de Sabcé, président du comité local ITIE, Bia Topan.
“A la base, il y a des informations que nous n’avions pas, mais l’ITIE-BF a tout expliqué ce matin” a ajouté Issaka Ouédraogo, premier adjoint au maire de Sabcé.

Désormais acteurs de transparence

1...quelques participants(1)

La présentation du rapport a donné lieu à des questions dans la commune de Sabcé. Pour Sarba Yassya, responsable de l’Organisation démocratique des jeunes (ODJ) de la localité, l’ITIE est même venu en retard, parce que la population avait soif d’information. Elle veut savoir ce qu’elle est en droit d’exiger de la mine, ses droits et devoirs envers la mine, les recettes perçues par la mairie. Tout ceci, pour mieux assurer son rôle de veille citoyenne.

“ N’ayez pas froid aux yeux du maire. Demandez-lui des comptes. Impliquez-vous dans le suivi de l’utilisation des ressources minières qui sont épuisables. Il faut mettre en place des projets structurants qui puissent impacter la vie des populations actuelles et celle des générations à venir”, a conseillé Kimsegninga Savadogo, chargé de l’information et de la communication du secrétariat permanent de ITIE-BF.

Plus loin, il fera remarquer que désormais dans les rapports ITIE, les mairies qui ont reçu plus de 50 millions dans le cadre de l’exploitation de l’or, vont figurer dans la feuille de route du consultant. La transparence ne se limitera donc plus aux seuls services de l’Etat et aux sociétés minières.

Les participants se sont également inquiétés du fonds de réhabilitation de la mine. Notamment, ils restent sceptiques quand à l’état de leur commune une fois que la mine aura plié bagage et si les 1 793 941 000FCFA déjà versés par la mine à la date du 31 janvier 2016, seront suffisants pour la réhabilitation des terres dégradées. Yomboé Juste Bationo du Bureau national des évaluations environnementales a expliqué que la cotisation qui est une obligation, répond à un principe universel " pollueur payeur", et c’est progressivement que la mine a alimenté le fonds. “Il faut faire confiance à l’Etat”, a-t- il dit, précisant que des compétences humaines, technologiques doivent être mobilisées par l’Etat pour ramener les surfaces d’exploitation de l’or, “à un niveau acceptable”, une fois la mine fermée.

La prochaine et dernière étape de dissémination du rapport 2016 de l’ITIE-BF, c’est dans la commune de Namissiguima, dans la province du Yatenga.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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