Lutte contre l’incivisme : Des hommes de médias réaffirment leur engagement

Publié le dimanche 22 juillet 2018 à 15h53min

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Lutte contre l’incivisme : Des hommes de médias réaffirment leur engagement

Sous l’égide du ministère de la Justice, des Droits humains et la Promotion civique, une trentaine de responsables de médias et de journalistes ont pris part à une rencontre de concertation sur la prise en compte du civisme dans leurs grilles de programmes, les 19 et 20 juillet 2018 à Kaya, dans la région du Centre-Nord. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre Réné Bagoro.

L’incivisme est devenue monnaie courante au Burkina Faso et inquiète plus d’un. Le non-respect de la réglementation, les mouvements d’humeur se traduisant par des actes de violence, la défiance de l’autorité de l’État et les propos attentatoires sont autant de preuves palpables. Pour venir à bout de ce phénomène, la sensibilisation des populations peut être un moyen efficace. Conscient du rôle incontournable des journalistes au sein de la société, le ministère en charge des Droits humains a organisé une rencontre de concertation avec le 4e pouvoir sur la prise en compte du civisme dans les productions journalistiques. C’était les 19 et 20 juillet 2018 à Kaya. Environ une trentaine de responsables de médias et de journalistes y ont pris part.

L’ambition de cet atelier de sensibilisation était de « faire en sorte que nous puissions avoir la même vision des choses car la question de citoyenneté, d’incivisme ne sont pas des questions politiques mais des réalités que nous vivons tous », a signifié le premier responsable du département de la justice, Réné Bagoro, qui ne manque pas de saisir l’occasion pour rappeler les conclusions du forum national sur le civisme tenu les 30 et 31 mai 2013 : « il a mis en relief les causes et les conséquences de l’incivisme et insister sur la responsabilité de chaque citoyen, acteur et structure ».
S’inscrivant en droit ligne de la Politique sectorielle justice et droits humains, le ministère en charge de la Justice a élaboré un deuxième plan d’actions 2018-2020 de mise en œuvre des recommandations dudit forum.

Le document en son axe stratégique 6 responsabilise les acteurs des médias à entreprendre des actions en faveur de la promotion du civisme et de la citoyenneté responsable, apprend-on.
Le souhait du ministre Bagoro est de voir des propositions et résolutions fortes en faveur du renforcement de la prise en compte du civisme dans les grilles de programme des médias, à l’issue de l’atelier. Après avoir réitéré son engagement à accompagner les journalistes, il a conclu ses propos en disant ceci : « L’option est prise pour la carotte au lieu du bâton ».

« On doit redorer le blason de notre nation en termes de citoyenneté responsable »
La directrice générale de la promotion civique, Adjiratou Zongo/ Sawadogo, pour sa part, estime que le fléau de l’incivisme n’honore ni les auteurs encore moins le pays. Et de préciser que les valeurs de la citoyenneté responsables ne sont pas innées. « Ce sont des valeurs qu’il faut inculquer aux populations surtout à leur bas âge (…). Nous sommes ensemble aujourd’hui pour réfléchir sur comment est-ce que nous pouvons renforcer ce travail », a-t-elle laissé entendre.

Toutefois, il convient de souligner que la lutte contre l’incivisme est un travail de longue haleine. Mme Zongo ne dira pas le contraire. « Il ne faut pas se décourager. Il faut toujours accentuer les actions afin de réveiller cette valeur qui sommeille en chacun de nous », a-t-elle ainsi déclaré.

Deux jours pour mieux outiller les journalistes

L’atelier de sensibilisation de 48 heures a été une aubaine pour les participants d’échanger sur des thématiques comme les « notions de civisme et de citoyenneté responsable », « place et rôle des médias dans la promotion du civisme », « prise en compte du civisme et de la citoyenneté dans les programmes des médias : pratiques et défis » et « la promotion du civisme par les médias : l’expérience d’un organe de presse ». Des communications développées par des personnes rompues à la matière dont Armand Hema, Nicolas Sawadogo, Jean-Paul Toé et Ismaël Ouédraogo.

Après avoir donné un aperçu des textes législatifs et règlementaires sur le contenu des médias, M. Toé a noté que le taux des émissions ou des rubriques concernant le civisme est très faible, comparé au volume total des productions et à l’ampleur du phénomène.

Selon une étude des radios du Burkina Faso publiée en 2018 par le ministère en charge de la Communication, les émissions produites par les médias portent essentiellement sur l’information avec 87,5% des radios, le divertissement avec 73% des radios, les émissions interactives avec 71,7% des radios et les causeries-débats avec 57,9% des radios.

Fort de ce constat, le communicateur a exhorté les radios et télévisions à produire beaucoup d’émissions relatives à la sensibilisation en français et dans les langues locales et à les diffuser de préférence les soirs ou les matins. « Au plan national, 79% de l’auditoire écoutent la radio entre 18h et 22h. La seconde tranche d’heure d’écoute la plus prisée est celle de 6h à 10h et intéresse 65,8% des populations », a-t-il indiqué.
Aussi, a-t-il suggéré aux journaux et médias en ligne ne disposant pas de rubriques sur le civisme et la citoyenneté responsable d’en créer afin de contribuer sensiblement à l’édification d’une société respectueuse des valeurs de la République.

Burkina Info, une télévision exemplaire

À sa suite, le directeur général de la télévision Burkina Info, Ismaël Ouédraogo, s‘est entretenu avec les participants sur les bonnes pratiques de la télévision en matière de promotion du civisme. Première chaine d’informations en continue au Burkina Faso, cette télévision consacre 20% de son temps d’antenne à la question de l’incivisme à travers plusieurs programmes.
« Nous avons le regard citoyen ou on revient chaque semaine sur les cas d’incivisme notamment le non-respect du code de route, les usagers qui passent par la corruption pour pouvoir échapper aux différents contrôles », confie M. Ouédraogo.

Les éditoriaux constituent les programmes phares de la télévision. Ce cadre de décryptage de l’actualité au quotidien aborde plusieurs thématiques, du lundi au samedi en direct, à 8h15. À ceux-ci s’ajoutent la chronique « Sécurité routière ». Ce rendez-vous hebdomadaire de 13 minutes est réalisé sous forme d’entretien entre un journaliste et une personne ressource tous les mardis à partir de 10h15, informe le premier responsable.

Les émissions de débats en mooré, dioula et fulfulde sont aussi un pan des actions développées par la télévision pour une citoyenneté responsable dans notre pays. Dans les mois à venir, les responsables de la télévision envisagent d’organiser une émission de débats hebdomadaire sur la citoyenneté.

Au sortir de la rencontre, des recommandations visant la promotion du civisme et de la citoyenneté ont été définies par les participants. Ils demandent, entre autres, au ministre en charge de la Justice de leur faciliter l’accès aux personnes ressources ; de sanctionner de manière effective les cas d’incivisme et éviter ainsi l’impunité car il faut plus que des mots pour guérir certains maux. Du reste, ils ont mis en place un comité restreint de commun accord.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net


Encadré : Propos de quelques journalistes

Roland Ki, journaliste au Quotidien

L’atelier ayant été très enrichissant, nous interpelle en tant que journaliste même si déjà, nous étions engagés dans la dynamique de la sensibilisation sur le civisme. Chacun de nous doit désormais pouvoir initier des rubriques et les tenir régulièrement pour que de façon concrète et pragmatique on puisse imprimer notre marque afin de lutter contre l’incivisme. On a cours de la rencontre suivi l’exemple d’un média qui fait la promotion du civisme. C’est un appel à tous les participants de toujours emboiter leur pas et à faire mieux, car sans la promotion du civisme la paix n’est pas une réalité.

Delphine Bamissi, journaliste à la télévision CVK

Cette formation de 48 heures était nécessaire parce qu’elle nous a permis de comprendre beaucoup de chose dont les lois réprimant les cas d’incivisme. Au sortir de cette formation, comme plusieurs de mes confrères, nous prenons l’engagement de faire quelque chose au niveau de nos organes de presse pour la promotion du civisme et de la citoyenneté responsable.

Salif Kaboré, journaliste à la radio Ouaga FM

Cet atelier a été d’une importance capitale dans la mesure où en tant que journaliste il y a souvent des questions que nous traitons dans le cadre du civisme et de la citoyenneté mais que nous ne maitrisons pas les tenants et les aboutissements surtout en ce qui concernent les lois et surtout comment faire pour que les médias puissent s’impliquer davantage dans la lutte contre l’incivisme.
Du reste, au niveau de notre radio, nous avons un programme intitulé radio trottoir qui est une émission thématique au cours de laquelle nous avons au moins une heure de temps pour évoquer les questions en lien avec le fléau.

Au sortir de cet atelier, nous allons travailler davantage à améliorer la promotion du civisme et de la citoyenneté. En retour, nous demandons l’implication des acteurs au premiers plan comme le ministère en charge de la justice parce que quand vous voulez traiter des thématiques et que les spécialistes ne sont pas disponibles ça cause véritablement un problème.
ALGS

Portfolio

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