Transparence dans l’exploitation de l’or : Namissguima prend connaissance du rapport 2016 de l’ITIE-BF

Publié le vendredi 5 octobre 2018 à 00h19min

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Transparence dans l’exploitation de l’or : Namissguima prend connaissance du rapport 2016 de l’ITIE-BF

Clap de fin pour la mission de dissémination du rapport 2016 de l’Initiative pour la transparence des industries extractives du Burkina Faso (ITIE-BF). Ce 03 octobre 2018, l’équipe était dans la commune de Namissiguima, dans la province du Yatenga. Le comité local de l’initiative a reçu des clés pour mieux comprendre l’activité minière du pays. Les recettes perçues par l’État, les régions, les communes ; les obligations des sociétés d’exploitation et bien d’autres informations liées à l’exploitation aurifère ont été partagées avec les populations.

La commune de Namissiguima, à environ 45 km de Ouahigouya, abrite la société minière Riverstone Karma SA. Dans le cadre de la dissémination de son rapport 2016, l’Initiative pour la transparence des industries extractives du Burkina Faso (ITIE-BF) est allée à la rencontre du comité local. Pendant des heures, il a été imprégné de la substance du document. À en croire les différents participants, l’atelier était attendu. Ce n’est pas le maire de la commune de Ouahigouya, Basile Boureima Ouédraogo, qui dira le contraire. Le bourgmestre, bien qu’en réunion dans sa ville, s’est excusé pour rallier Namissiguima.

Boureima Basile Ouédraogo, maire de Ouahigouya

« C’est la première fois que j’assiste à cet exercice formidable. Maintenant les gens savent exactement où va l’argent de l’or. Cela permet aux communautés de vivre en paix avec les sociétés minières. Dans notre pays, il y a eu pas mal de problèmes entre les communautés impactées et les mines. C’est souvent dû à des incompréhensions.
Malheureusement, il y a certains leaders qui instrumentalisent les populations à leurs fins, mais justement c’est parce que la communication n’est pas bien faite. Si c’est bien fait, même ceux qui veulent manipuler les populations ne pourront plus, parce que les gens comprennent », explique le maire, qui est également membre du comité local ITIE-BF de Namissiguima.

Ledit comité, qui veut être l’œil et l’oreille des populations de Namissiguima dans les activités de Riverstone Karma SA, avait besoin d’être informé sur ce qu’elle engrange en termes de devises et ses obligations. C’est désormais chose faite. Riverstone Karma SA fait partie des seize sociétés minières retenues par le consultant indépendant dans le cadre de l’élaboration du rapport 2016. 6 479 434 283 F CFA, c’est la somme qu’elle a déclaré avoir payé à l’État pendant que ce dernier a dit avoir reçu 6 732 598 674.
La différence, qui est de 253 164 391, est due au fait que certains documents des transactions n’ont pas été signés par les premiers responsables de la mine alors que le consultant n’a pris en compte que les documents authentifiés par la direction de Riverstone Karma SA.

La mine de Namissiguima emploie 927 personnes dont 49 femmes et 827 hommes de nationalité burkinabè. En 2016, la société a effectué des payements sociaux volontaires à hauteur de 97 568 779 F CFA, le rapport n’ayant mentionné aucun payement social obligatoire. Quant aux taxes superficiaires, la commune de Namissiguima a reçu la somme de 49 800 694 F CFA en 2016.
« Suivez attentivement », n’a cessé de répéter le préfet de Namissiguima, Yoroba Lassisi, président du comité local.

Des attentes plus grandes dans le développement local

Malgré les lettres d’invitation envoyées à Riverstone Karma SA, elle n’a pas été représentée à l’atelier de dissémination. Les membres du comité local ITIE ont souhaité que la mine s’implique davantage dans le développement de la communauté. Rasmané Ouédraogo, représentant de l’association Active au comité local ITIE de Namissiguima, estime que les industries extractives doivent davantage s’impliquer dans le développement local. Pour lui, pour le moment, les populations ne sont pas fières que leur commune abrite une mine parce que leurs aspirations ne sont pas prises en compte. « Il y a un village dont la retenue d’eau permettant d’abreuver le cheptel de deux villages, s’est retrouvée engloutie par la société minière et le remplacement se fait toujours attendre », explique-t-il.

Sa préoccupation est partagée par Séverin Ouédraogo, directeur du CEG de Namissiguima, pour qui même si la mine est venue faire du business, elle se doit d’être à l’écoute des populations locales afin que celles-ci ressentent les bienfaits de l’exploitation aurifère. Ce sera gage, selon lui, d’une bonne collaboration entre les différentes parties.

Le comité local ITIE a souhaité disposer de moyens pour mener des activités sur le terrain, allant dans le sens de la sensibilisation et de la transparence. Le maire et son équipe, comme dans les autres communes traversées, ont regretté que ce soit une seule fois dans l’année qu’ils doivent se retrouver pour prendre connaissance du rapport ITIE, alors que bien d’activités auraient pu être menées.

La mission de dissémination a précisé que cela est dû au manque de moyens. L’ ITIE-BF, qui avait bénéficié de l’appui de son partenaire français pour installer les comités locaux, se retrouve désormais seul. D’où le manque de dynamisme des sections installées, qui doivent cependant s’efforcer de jouer leur rôle dans la transparence des industries extractives dans leurs localités, ne serait-ce qu’en restituant ce qu’elles ont appris.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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